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𝑃𝑟𝑒𝑙𝑱𝑑𝑒

Pour commencer, il semble essentiel de remonter quelques annĂ©es auparavant. A cette Ă©poque, la famille avait trouvĂ© foyer dans cette ville, aussi unique fĂ»t-elle, qui avait pour nom Milana. C’était un endroit d'apparence assez banal, calme, Ă©loignĂ© de ces grandes citĂ©s qui rĂ©unissaient des nombres incalculables de personnes. C’est ici qu’avait dĂ©cidĂ© de poser bagage ce couple en quĂȘte de paix. Ils Ă©taient jeunes, Ă  peine la vingtaine, et avaient choisi de prendre leur envole afin de pouvoir se consacrer pleinement Ă  leur religion, ou plutĂŽt leur passion : le bouddhisme. DĂšs les premiers jours, ils devinrent des amis inespĂ©rĂ©s, des enfants modĂšles, un couple parfait. Tout le monde, mĂȘme le plus lointain de leur voisin, les aimait, ce qui n’était pas pour leur dĂ©plaire. Ces deux jeunes gens ne voulaient que ça : ĂȘtre apprĂ©cier de tous, ĂȘtre le centre de l’attention. Ils voulaient ĂȘtre les personnes Ă  qui l’on confierait la vie d’un enfant sans la moindre hĂ©sitation. AprĂšs avoir vĂ©cu quelques mois dans ce nouvel endroit, une surprise leur fut faite. Un petit ĂȘtre venait de faire son apparition dans leur vie, et il prit le nom de Khalama. Bien Ă©videmment, dĂšs qu’il en Ă©tait possible, toute la ville vint Ă  sa rencontre, lui faisant des cadeaux Ă  n’en plus pouvoir. C'Ă©tait un bĂ©bĂ© mignon, dotĂ© de joues rondes que n’importe qui rĂȘverait de croquer : un enfant parfait pour une famille parfaite. Il Ă©tait si exemplaire qu’il fut rapidement au centre d’un mythe disant qu’il serait la rĂ©incarnation d’un moine bouddhiste Ă©tant mort il y a quelques jours de cela. Toutes les conditions Ă©taient rĂ©unies pour lui offrir une vie des plus belles. Pour autant, ce ne fut pas le cas, loin de lĂ . Rapidement, ses parents le mirent Ă  l’écart de tous : s’il Ă©tait la rĂ©incarnation d’un homme de religion aussi puissant, il se devait de lui faire honneur. C’était la rĂ©ponse qu’avait trouvĂ© les admirateurs de l'enfant suite Ă  sa disparition soudaine. Pourtant, il en Ă©tait tout autre dans cette maison. Les parents avaient vu en leur enfant la possibilitĂ© d’accĂ©der Ă  leur dĂ©sir le plus profond : le nirvana, l’objectif suprĂȘme, la rĂ©compense d’un long et sinueux chemin religieux. C’est ainsi que Khalama devint leur poupĂ©e, cette chose qui les mĂšnerait vers le sommet. S’il pleurait pour avoir un peu de lait maternel, il se retrouvait enfermĂ© dans une piĂšce sombre, Ă  l’écart de tout. S’il avait envie de jouer, il se devait de prendre sa seule et unique peluche et de rester silencieux, sinon il serait Ă  nouveau enfermĂ©, seul. La seule chose qui lui Ă©tait permis Ă©tait de quĂ©mander un peu d’amour Ă  ses parents car, comme la religion le veut, il lui faut aimer son prochain. Alors, s’il n’apprend pas dĂšs son plus jeune Ăąge Ă  aimer, il en sera incapable par la suite et, par consĂ©quent, ne serait pas un parfait petit bouddhiste. En grandissant, Khalama devint un enfant qui, comme tous les autres Ă  son Ăąge, faisait des bĂȘtises, dĂ©sobĂ©issait, cassait du mobilier. Sauf qu’il n’était pas un enfant comme tous les autres. Il ne devait pas l’ĂȘtre. C’était la pire chose qui pouvait arriver aux yeux de ses parents. Ils durent alors renforcer son Ă©ducation, lui soutirant tout droit de jouer, courir, et mĂȘme rigoler. La sanction restait la mĂȘme : cette fameuse piĂšce, Ă©troite, lugubre, celle qui avait hĂ©bergĂ© Khalama durant plusieurs jours, plusieurs mois. Il en avait une peur des plus profondes, seulement entrevoir sa porte lui donnait les larmes aux yeux. La simple pensĂ©e de se retrouver dedans le faisait frissonner, et ça, ses parents l’avaient bien compris. Il Ă©tait donc trĂšs obĂ©issant, restant calme et demandant mĂȘme Ă  prier avec ses parents pour pouvoir passer le temps. Il n’aimait pas ce quotidien, il voulait pouvoir s’amuser un peu, courir et rigoler, mais ça n’était pas correct, ses parents lui rĂ©pĂ©taient souvent qu’il ne fallait pas “cĂ©der Ă  ses dĂ©sirs”, et il essayait tant bien que mal de l’intĂ©grer. Khalama avait maintenant 9 ans, c'Ă©tait toujours cet enfant modĂšle que tous parents rĂȘveraient d'avoir. Il Ă©tait sage, silencieux, apprenait tout Ă  la perfection et Ă©tait donc de ce fait intelligent et rĂ©flĂ©chi. Un poil observateur aussi, il savait discerner le mensonge dans un mouvement ou un timbre de voix. Ses parents Ă©taient fiers de lui. Ils songeaient de plus en plus Ă  l'amener dans ce temple oĂč les moines, aussi peu fĂ»t-ils, sauraient finaliser son Ă©ducation et faire de cet enfant un exemple pour son prochain. Seulement, Khalama ne voyait pas les choses de la mĂȘme façon : pour lui, se sĂ©parer de ses parents Ă©tait impossible. Il Ă©tait figĂ© dans cette image de parents modĂšle, il Ă©tait persuadĂ© qu'ils n'y avait pas meilleure personne qu'eux. AprĂšs tout, il n'avait aucun comparatif et, pour lui, s'il n'avait pas reçu cette Ă©ducation, il ne serait maintenant qu'un ĂȘtre inutile, vouĂ© Ă  sa propre perte. Quand sa mĂšre le prit Ă  l'Ă©cart pour lui annoncer qu'il partirait dans la semaine, il ne put retenir sa colĂšre. Il essaya par tous les moyens de la convaincre qu'il vivrait mal lĂ -bas, que sans eux il n'arriverait pas Ă  avancer. Il criait tout ce qui lui passait par la tĂȘte, littĂ©ralement. Son pĂšre, l'ayant entendu, vint pour le calmer. AprĂšs plusieurs coups, puissants pour la plupart, il retrouva cette piĂšce qui avait bercĂ© son enfance. LĂ , couchĂ©, ensanglantĂ©, il ne bougeait plus. Il avait le regard fixe, pointĂ© droit vers le seul ami qu'il avait pu avoir : sa peluche. Ses derniĂšres pensĂ©es Ă©taient pour elle, pour ses parents aussi qui, malgrĂ© tout, restaient ses modĂšles. La seule personne qu'il nĂ©gligea Ă©tait lui, ne songeant mĂȘme pas une seule seconde Ă  se lever et demander de l'aide, Ă  crier pour qu'on vienne le soigner. Non. Il Ă©tait lĂ , immobile. C'est ainsi qu'il trouva sa libertĂ©, oubliĂ© dans l'obscuritĂ© de cette piĂšce qui fut sa chambre et qui deviendra, quelques instants plus tard, son tombeau. Ses parents? Ils n'ont jamais essayĂ© d'aller voir son Ă©tat, se doutant Ă  la minute mĂȘme oĂč ils l'avaient mis lĂ  qu'il n'en sortirait pas. Cette porte, cachant une histoire des plus macabres, fut condamnĂ©e, recouverte par une fine couche de bĂ©ton puis, aprĂšs, par une Ă©tagĂšre sur laquelle pendaient tous les bijoux des deux autres. Les habitants du village ne l'avaient pas oubliĂ©, loin de lĂ . Certains avaient mĂȘme dĂ©cidĂ© de raconter sa vie extraordinaire dans des poĂšmes, livres ou mĂȘme Ă  l'Ă©cole. La fabuleuse histoire de Khalama, celui qui abritait l'Ăąme d'un grand religieux et qui le devint lui-mĂȘme par la suite, vivant maintenant dans les hauteurs du pays, priant pour assurer une belle et longue vie Ă  tous les gens qui faisaient preuve d'un minimum de foi. Parfois mĂȘme nous pouvions entendre des exclamations de joie de la part des plus ĂągĂ©es qui, le regard tournĂ© vers le ciel, voyaient cette fameuse Ă©toile qui brillait plus que les autres, celle qui les protĂ©ger, celle qui avait maintenant pour nom Khalama.

𝑃𝑟𝑒𝑚𝑖𝑒𝑟 𝑐𝑜𝑱𝑝𝑙𝑒𝑡

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C'est durant un hiver particuliĂšrement froid qu'Ă  dĂ©cidĂ© de naĂźtre Anil. Étant un enfant mignon avec de grands yeux pĂ©tillants, il attira l'Ɠil des autres. Tout le monde le voyait comme une bĂ©nĂ©diction, comme un cadeau du ciel. Enfin, un enfant est venu au monde. Dans ce petit quartier oĂč ne vivaient que des adultes, une douce odeur de finalitĂ© planait. Tous craignaient le manque de naissance, pensant que leurs maisons deviendraient des ruines, que leur village ne serait plus que vide et silence. Heureusement, il Ă©tait lĂ . Beaucoup de gens venaient le visiter, le cĂąliner et mĂȘme le remercier. Il vivait dans une maison d'amour et de bonne humeur. Quand il apprit Ă  marcher, la presse locale en profitait pour Ă©crire un article Ă  son nom que, bien Ă©videmment, tout le monde achetait. Quand il apprit Ă  dire un mot, quand il rigolait, quand il s'amusait, quand il pleurait.. le moindre de ses mouvements devenait un Ă©vĂšnement. Cet effet fut amplifiĂ© le jour oĂč, Ă  peine un an aprĂšs sa naissance, un autre enfant naquit : Dachen. Il Ă©tait la preuve qu'Anil Ă©tait une bĂ©nĂ©diction, qu'il avait rĂ©ussi Ă  sauver l'avenir de cet endroit. Ses parents ne portaient pas un grand intĂ©rĂȘt au petit, le laissant voguer entre les maisons de chacun. Le petit allait souvent rendre visite Ă  celui qu'il considĂ©rait comme Ă©tant son petit frĂšre, l'autre enfant du village. Ils grandirent ensemble, devenant alors l'intĂ©rĂȘt principal de tous ceux qui les connaissaient. Anil aidait le plus jeune pour tout, il lui apprit Ă  tenir debout, puis marcher, puis courir. Ils faisaient tout ensemble. Pour autant, leurs parents respectifs n'Ă©taient pas de grands amis, restant chez eux sans mĂȘme essayer de s'approcher de l'autre. Les seuls moments oĂč ils se parlaient Ă©tait quand les parents de Dachen dĂ©posaient le plus grand chez lui, le soir.

𝐿𝑒 𝑝𝑜𝑛𝑡

Un jour, Dachen dĂ» aller Ă  l'Ă©cole. Il devait alors partir un peu plus loin, dans la ville voisine, pendant plusieurs jours, ne revenant qu'en fin de semaine. Au dĂ©but, Anil le comprit, jouant seul le temps qu'il revienne. Mais avec le temps, il se lassa. Il perdait le goĂ»t de jouer, restant assis devant la fontaine du village sans bouger, fixant l'eau qui se mouvait silencieusement, la lumiĂšre du soleil se reflĂ©tant en elle. Le soir, en rentrant chez lui, il alla dans sa chambre sans dire un mot, ne sortant que pour manger et prier. Ses parents l'avaient remarquĂ©, mais n'avait pas agi. Ils Ă©taient bien contents qu'il se soit assagi de lui-mĂȘme. Du moins, c'est ce qu'il pensait. A l'aurore, un jour oĂč Dachen partait Ă  l'Ă©cole, le jeune garçon l'avait rejoint. Son ami ne comprit pas sa prĂ©sence, mais fut des plus heureux quand Anil lui annonça qu'il allait, lui aussi, Ă  l'Ă©cole.

𝑅𝑒𝑓𝑟𝑎𝑖𝑛

Les parents du plus jeune ne purent qu'ĂȘtre heureux, sachant trĂšs bien que leur fils Ă©tait triste, seul, Ă  l'Ă©cole. Ils s'ennuyaient chacun de l'autre, n'attendant que la fin de la semaine pour se retrouver. Cette semaine-lĂ  Ă©tait peut-ĂȘtre la plus heureuse qu'ils avaient connu. Ils ne se quittaient plus, dormant mĂȘme ensemble dans cette grande chambre possĂ©dant plusieurs lits vides. Quand ils furent de retour au village, tout se passa trĂšs vite. Les parents d'Anil prirent leur enfant de force, le traĂźnant presque jusqu'Ă  leur maison. Il n'eut le temps de rien dire avant de se retrouver Ă©jectĂ© au sol de sa chambre, la porte lui claquant sur le nez. Il n'eut, Ă  partir d'ici, plus aucun droit. Le seul moment oĂč sa porte s'ouvrait Ă©tait pour lui passer un peu de nourriture, un peu d'eau et de quoi se changer. Il essaya de crier pour sortir mais la seule chose qu'il gagna en retour Ă©tait au mieux une claque de la part de son pĂšre, avec l'ordre de se taire. Par ailleurs, sa chambre fut rapidement vide, ne laissant Ă  Anil que son lit pour ne pas dormir Ă  mĂȘme le sol ainsi qu'un Kalimba pour qu'il puisse s'occuper autrement qu'en criant. Cela dura plusieurs jours, plusieurs semaines.. il n'en savait rien. PlongĂ©e dans l'obscuritĂ©, il n'avait aucun autre repĂšre que le rythme auquel on lui apportait de la nourriture. Il n'avait pas pleurĂ©, il ne criait plus. Tout Ă©tait silence. Tout ce qui animait la piĂšce Ă©tait ce mouvement frĂ©nĂ©tique de ses doigts enroulant ses longs cheveux, ou bien le son de son instrument qui l'accompagnait dans ses pĂ©riodes oĂč la solitude l'Ă©crasait complĂ©ment. Ses parents, l'ayant remarquĂ© jouer avec sa chevelure, dĂ©cidĂšrent de lui raser le crĂąne. '' Tu n'as pas le droit de t'amuser, c'est mal. Tu fais honte. Nous te laissons la possibilitĂ© de faire de la musique et tu prĂ©fĂšres trifouiller tes pauvres cheveux ''. Il ne dormait plus beaucoup, restant encore et toujours assis par terre. Il eut le temps de se poser des questions, de se demander pourquoi il mĂ©ritait ce chĂątiment, mais aucune rĂ©ponse ne lui venait. Enfin.. aucune est un bien grand terme. AprĂšs ce qui semblait ĂȘtre des annĂ©es, Anil entendit une rĂ©ponse Ă  sa question. '' Ce n'est pas de ta faute ''. Il n'y prĂȘta pas attention, mais les rĂ©ponses furent de plus en plus frĂ©quentes, de plus en plus prĂ©cises. Cette voix qu'il entendait lui parlait, elle restait auprĂšs de lui. Anil trouva alors un nouvel ami, une personne avec qui s'amuser. C'Ă©tait un jeune garçon lui aussi, d'une dizaine d'annĂ©es tout au plus. Il lui racontait le monde extĂ©rieur, il lui tenait compagnie mais il ne lui parlait jamais de lui. C'Ă©tait un sujet Ă  ne pas aborder, c'Ă©tait les seules questions auxquelles Anil n'avait jamais rĂ©ponses. Il avait essayĂ© d'insister un jour, vraiment curieux de savoir qui il Ă©tait, mais il n'avait plus eu de nouvelles, ce durant plusieurs repas, alors il ne demanda plus rien de lui. Ses parents l'avaient entendu parler seul, un soir oĂč ils lui apportaient de la nourriture. Pensant qu'il devenait fou, ils prirent les devants, plus prĂ©cisĂ©ment sa mĂšre. Elle le drogua via son repas puis, aprĂšs l'avoir sorti de sa chambre, lui tatoua tout le dos avec des tatouages religieux signifiant pour la plupart la saintetĂ©, la puretĂ© et la dĂ©votion Ă  la religion. Selon elle, c'Ă©tait la seule solution pour le ramener sur le droit chemin. Anil se rĂ©veilla alors dans sa chambre, allongĂ© devant la porte avec une douleur lui dĂ©chirant le dos. Le moindre mouvement lui Ă©tait insupportable.'' Je t'avais pourtant dis de rester discret ''Anil ferma les yeux, ne voulant pas rĂ©pondre, s'enfermant dans sa solitude et, indĂ©niablement, sa douleur. Seule sa respiration lourde se faisait entendre dans la piĂšce. Il n'eut pas de nourriture ce soir-lĂ , personne ne vint perturber son semblant de sommeil. La porte de sa chambre le poussa sur le cĂŽtĂ©, le sortant de son mutisme en le faisant gĂ©mir de douleur. Un plat lui avait enfin Ă©tĂ© donnĂ©. Il le mangea doucement, puis, dans l'heure qui suivit, toute sa douleur s'Ă©tait Ă©vanouie. Il Ă©tait comme ailleurs, il le partagea Ă  son ami qui, malgrĂ© le fait que son Ă©tat s'Ă©tait amĂ©liorĂ©, ne voyait pas cela comme Ă©tant une bonne nouvelle. La crainte pouvait se faire entendre dans sa voix, et c'Ă©tait fondĂ©. Anil, sous l'effet de la drogue, se laissa aller, riant doucement dans le coin de sa cellule, sous le regard discret de sa mĂšre.

𝑆𝑜𝑙𝑜 𝑖𝑛𝑠𝑡𝑟𝑱𝑚𝑒𝑛𝑡𝑎𝑙

Les jours qui suivirent, il ne souffrait plus, ne pensait plus. Sa mĂšre l'avait fait sortir de sa chambre, finalement. Elle l'avait lavĂ©, rasĂ© Ă  nouveau, l'avait habillĂ© de son habit de moine et l'avait conduit devant la maison. Les habitants du village, heureux de revoir celui qui les avait sauvĂ©s, virent d'abord pour le remercier pour tout. Puis, un Ă  un, ils vinrent lui demander des services, lui quĂ©mander une musique afin qu'ils puissent prier dans de bonnes conditions, lui raconter leurs histoires les plus horribles afin d'en ĂȘtre libre. Ils firent de lui ce qu'il voulait sous l'autorisation de la mĂšre qui supervisait le tout. Dachen vint aussi pour essayer de lui parler, mais Anil n'en Ă©tait pas capable, la drogue faisant barriĂšre aux souvenirs qu'ils avaient pu partager. A vrai dire, il ne parlait que pour demander la raison de la venue de celui qui se trouvait en face de lui. S'il demandait Ă  partir, sa mĂšre prenait soin de lui donner un verre d'eau, le droguant pour le replonger dans cet Ă©tat d'inconscience. AprĂšs plusieurs semaines, il a dĂ» prendre plus de drogue. Sa mĂšre le voyait faiblir, la fatigue prenant le dessus, et trouva comme solution d'augmenter les doses. Jusqu'au jour oĂč il ne le supporta plus. Il fut traĂźnĂ© Ă  nouveau dans sa chambre, ne pouvant plus tenir debout. Sa mĂšre lui donna une dose bien plus consĂ©quente que ce qu'il avait dĂ©jĂ  pu prendre, puis ferma la porte. Pendant plusieurs heures, son ami lui parlait, essayait de le ramener Ă  la raison comme il le pouvait, mais comprit qu'il Ă©tait trop tard maintenant. Il le regardait mourir sous ses yeux, sans pouvoir faire la moindre chose. Alors il lui parla, encore et encore. Seule sa voix rĂ©sonnait dans cette piĂšce, dans la tĂȘte d'Anil.

'' Tu m'as demandé il y a maintenant quelque temps qui j'étais, mais je ne t'ai jamais répondu. Je m'appelle Khalama, tu as le droit de le savoir. Je comprends ce que tu vis, tu n'as pas à avoir peur, tu n'es pas seul. Tu ne seras jamais seul. ''